Une virgule, trois bandes, et beaucoup de pognon

Publié le par GameTheory





platini1.jpg    Le foot est un sport qui se joue à onze contre onze.   Et à la fin, c’est toujours le pognon qui gagne. Gary Lineker, footballeur britannique qui, c'est à signaler, avait oublié d'être con, mettait «l’Allemagne» à la place de «pognon». C’était le bon temps. Révolu, passé, fini.

    Tout fout le camp, mes aïeux, tout. Même le maillot de l’équipe de France de football, que Nike vient de ravir à Adidas après 36 ans de tuniques à trois bandes. Trente-six ans de sueurs mélangées, de larmes de Thuram, de sang de Battiston, de salive de Platini.

    Adidas était le partenaire historique de l’équipe de France. C’est aussi la marque préférée des Français, selon LH2, devant Danone et Renault. Un nom si populaire que beaucoup croient encore que c’est une marque française, ou qu’elle en a les racines. Mais l’histoire, la tradition, ça ne pèse rien. Rien face aux 42 millions d’euros par an offerts par Nike, quatre fois plus que le contrat actuel avec Adidas. Rien face à une fédération française de foot qui, contrairement à son homologue allemande, qui avait refusé une offre mieux-disante de Nike sur l’autel de la tradition du maillot Adidas en Teutonnie, n’a été mue que par la soif de fric.

    42 millions, la somme prête à sourire. Elle ne correspond à aucun critère strictement économique : le maillot du Brésil en vaut 13, celui  du champion du monde italien aussi. Le plus gros contrat était celui du maillot anglais, 30 millions, chèque consenti par l’équipementier Umbro avant d’être bouffé par Nike. Vraiment, rien ne justifie le nouveau record du maillot bleu : le plus gros vendeur de maillots français, Zidane, est à la retraite et n’a pas trouvé de remplaçant aussi médiatique, les Français achètent trois fois moins de tuniques de leur équipe nationale que les Allemands, et le bout de tissu français est loin d’être un best-seller international, à l’inverse de la tunique italienne ou argentine.

    Non, si Nike a mis autant d’argent, c’est pour faire passer un message. Un message simple et précis : il veut être numéro un mondial du foot. Il veut dépasser Adidas sur le seul sport où le groupe allemand le dépasse encore d’une courte tête. Et il y mettra autant de pognon que nécessaire. Qu’importe si le foot n’est pas dans les gênes de la marque à la virgule, qui s'est fait sur le running, le basket ou le tennis. Qu’importe si le concurrent Adidas, lui, s’est construit sur le ballon rond, dès les années 30, et n'a jamais dévié de sa voie.

    Outre l’affaire du maillot allemand, Adidas avait eu le culot de venir attaquer Nike sur son propre terrain de jeux, en devenant le sponsor officiel de la NBA à la place de Reebok, qu’il venait de racheter. Crime de lèse-virgule. L’équipementier de l’Oregon n’aura de cesse d’attaquer toutes les positions de son concurrent allemand, fort de son monumental réservoir de cash, entretenu par sa position dominante aux Etats-Unis.

    Bien sûr, tout cela reste une histoire de gros sous.  D’egos de dirigeants. De multinationales du sport friandes de sous-traitants asiatiques. Adidas est allemand, Nike yankee, c'est peut-être finalement leur seule différence de fond. Mais le 31 décembre 2010, date de l’expiration du contrat d’Adidas, les amoureux du maillot bleu à petite fleur Adidas verseront la larmichette de rigueur sur la tombe des trois bandes vaincue par la virgule.

    Puis ils iront chercher une 33 au frigo, parce qu'on n'est pas des lopettes.





Publié dans Grands fauves

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
G
Pas faux, Fred. Mais le truc qui m'étonne, c'est le côté irrationnel que revêt désormais la lutte entre Nike et Adidas. Le patron de Puma France disait hier qu'un maillot français à 42 millions d'euros annuels ne peut pas être amorti, parce qu'il ne s'en vend pas plus de 150 000 par an hors coupe du monde. Puma, qui avait fait une offre aux alentours de 30 millions d'après mes sources (bizarrement, elle n'est pas citée par la Fédé), assure qu'il ne montera pas au niveau atteint cette année, même pour le maillot italien. Je ne sais pas si c'est du bluff...
Répondre
F
Mouai... Je pense que la déchirure sera supportable. Adidas qui ne fournit plus la tunique rouge... heu bleu... -j'ai du mal ces temps-ci- ne t'empêchera pas de reprendre une Kro et moi de me resservir des moules. On est d'accord.<br /> Et puis entre nous, moi si on me propose un job payé 2880 euros chez Adidas et un autre similaire payé 4260 euros chez Nike, pas sûr que ma sympathie pour les trois bandes et ma nostalgie pour ma première paire de Torsion me fasse choisir l'employeur allemand. Et pourtant, Dieu sait que j'adore les employeurs allemands...
Répondre