Dubaï, l'heure des soldes

Publié le par GameTheory





        

        C’est une tour moche, au cœur d’un quartier horrible, dans une ville hideuse. Une espèce de brindille informe qui se perd dans le fog perpétuel qui recouvre Dubaï, ses milliers de 4X4 Toyota, et ses mosquées aussi vides que les immeubles de bureaux qui bordent la Cheikh Zayed Road, l’autoroute urbaine à deux fois six voies qui traverse la ville.

 

Burj Dubaï. La tour de tous les superlatifs, disent ses promoteurs. 818 mètres, 22 millions d’heures de travail, 162 étages. La tour la plus haute du monde. Jusqu’au dernier moment, les autorités ont caché la hauteur définitive de la tour, histoire d’éviter qu’un bridé promoteur est-asiatique trop ambitieux lance son projet à un mètre de plus. Et comme, c’est bien connu, Dubaï regorge d’eau, on a construit une fontaine de 152 mètres, l’équivalent d’une tour de 50 étages, histoire de compléter la piste de ski toute proche qui se descend en 22 secondes.

 

 


 

Le reste est affaire de rumeurs. On dit que l’appartement du sommet, 150m2, a été vendu à 22 millions de dollars. Que l’on attend les premiers violents vents de sable pour voir si les vitres vont tenir sans exploser ou devenir opaques. Que la tour est totalement vide, et risque de le rester un bout de temps, malgré l’inauguration prévue le 4 janvier et un pseudo hôtel Armani qui doit s’y installer.

 


Comme symbole de la bulle Dubai, on pouvait difficilement rêver mieux. Dubai World, la holding publique bras armé de l’émirat du Golfe, a demandé hier la renégociation de 59 milliards de dollars de dettes, soit quatre années de son chiffre d’affaires. L’émirat serait endetté à hauteur de 80 milliards de dollars. Le projet Al Burj, la tour d’un kilomètre de haut du promoteur concurrent Nakheel, est reporté sine die.

 

 


 

Suprême humiliation : le grand frère et émirat ennemi, Abu Dhabi, est à nouveau appelé à la rescousse par la famille régnante Al-Maktoum. Le premier émirat des EAU a tout de ce que Dubaï n’a pas : des réserves de pétrole, de gaz, des banques puissantes et stables, qui répondent à la minute aux injonctions des keffiehs en chef. Quand Dubaï misait sur l’immobilier et le tourisme avec un recours déraisonnable à l’endettement, Abu Dhabi regardait le cheikh Mohammad Al-Maktoum s’exciter avec un mélange d’envie et de colère. Envie parce que Dubaï avait réussi à attirer le regard du monde au détriment de la capitale des Emirats, réduite au rôle de suiveuse. Colère parce que la croissance de Dubaï s’était faite dans la plus totale anarchie, mal vue de la part d’un émirat bien plus conservateur.

 

Qu’on se le dise, l’heure des comptes a désormais sonné. Celle des soldes flottants aussi : on peut compter sur Abu Dhabi pour reprendre en main les deux derniers bijoux de famille de Dubaï : sa compagnie aérienne Emirates, et son opérateur portuaire, Dubaï Ports World, troisième acteur mondial du secteur. Le reste, comme le promoteur immobilier Nakheel, risque fort d’être réduit à un statut qu’il n’aurait jamais dû quitter : celui d’actif pourri.

 

 


 

Pour Emirates, c’est assez simple : à plus ou moins long terme, la compagnie sera fusionnée avec Etihad, sa concurrente d’Abu Dhabi, pas rentable mais adossée à un actionnaire bien plus solide. Cette concentration, dont les deux acteurs ont toujours nié le projet, c’est le cauchemar d’Airbus, surfe depuis des années sur le concours de quéquettes entre les deux acteurs. Pas un détail : 44% du carnet de commandes de l’A380 et l’A350 est dépendant des compagnies du Moyen-Orient. A terme, on peut aussi imaginer une intégration de Qatar Airways, troisième acteur de la région et autre gros client d’Airbus.

 

Pour Dubaï Ports World, c’est plus ouvert. Sa dette de près de 5 milliards et son portefeuille d’une cinquantaine de ports exploités dans le monde en font une cible idéale pour les Chinois, voire d’autres groupes du Golfe. Pas sûr, cependant, que les Emirats laissent filer ce fleuron maritime pour un prix au rabais.

 

 

 

Quelles leçons tirer de l’éclatement de la bulle Dubaï ? Une, en priorité : ce n'est pas de la poussière qu’il reste sous le tapis de la finance, c’est des troupeaux de mouflons. Non content de n’avoir pas prévu l’écroulement d’entreprises, comme Lehman Brothers, le système financier n’est pas à l’abri de banqueroutes d’Etats. Selon DSK, 50% des pertes pourraient encore être cachées dans les bilans.


Publié dans Sur le terrain

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