Neuf types en or pour 2009, épisode 1 : Alexeï Miller, de l’eau dans le Gazprom

Publié le par GameTheory




         Jouez hautbois, résonnez musettes : Sobiz is back. Silhouette façon saucisson brioché, estomac huîtré, bûchisé et frangipané, mais le poitrail gonflé de sacrées bonnes résolutions. A commencer par une série sur les « neuf types en or de 2009 », une sorte de casting de rêve des pipeules qui vont faire –ou défaire- l’économie ces prochaines semaines. Bref, on va envoyer le produit.

 

          A tout saigneur, tout honneur, et ce n’est pas une faute de frappe. Nous évoquerons aujourd’hui l’impayable Alexeï Miller, sympathique patron cosaque du géant russe du gaz Gazprom. Алексей Борисович Миллер, le petit nom du bonhomme en VO, est LA star de ce début d’année caniculaire : ce proche de Poutine s’est engagé dans une impitoyable guerre du gaz avec la compagnie ukrainienne Naftogaz, au point de couper cette nuit l’approvisionnement de l’Europe. Et de mettre ainsi en péril les besoins de chauffage de l’Allemagne (-26 à Leipzig) et de toute l’Europe de l’Est.


          Que se passe-t-il exactement ? La fin d’une histoire d’amour à la sauce Popov. La compagnie nationale ukrainienne bénéficiait d’un prix d’ami de son ex-allié russe sur ses importations de gaz, 179 dollars les mille mètres cube quand les pays Européens s’acquittent de 450 dollars. Problème : l’Ukraine a pris sa distance avec la Russie suite à la révolution orange, au point d’opérer un rapprochement stratégique avec l’OTAN, au grand dam du père Medvedev (le président russe, pas le tennisman à bermuda à carreaux). Le Kremlin, et son bras gazier Gazprom (photo du projet de Gazprom City ci-dessous), décident donc d’imposer le prix de marché à son ex-allié. Pas illogique.





 

          Ce que Miller n'a pas prévu, c'est que le président ukrainien Viktor Iouchtchenko a beau avoir la ganache ravagée la dioxine (sans poulet) que lui a malencontreusement administré une obscure barbouze sibérienne, son encéphale fonctionne encore parfaitement. Le gaz à destination des pays européens passe par des gazoducs dont le point commun est de traverser l’Ukraine. Selon certaines sources, Naftogaz a donc allègrement siphonné le gaz destiné à ces clients, histoire de faire des économies sur la douloureuse. Ukrainien dégun, comme on dirait à Marseille.



« Du vol », accuse l’ami Alexeï Miller. Qui répond à la façon moscovite : il coupe le gaz à tout le monde. Pas super finaud : la sanction touche surtout des alliés ou ex-alliés de l’Europe de l’Est -Serbie, Bulgarie- et des clients importants de Gazprom tels que l’Allemagne et l’Autriche. De quoi donner un coup de boost aux projets de gazoducs, notamment Nabucco, un tuyau (voir carte ci-dessous) qui relierait l’Iran à l’Europe centrale, en passant par le sud (Turquie, Bulgarie, Roumanie, Hongrie). Un projet que la Russie tente de torpiller depuis des années.






 




Bref, Gazprom et son PDG viennent de faire une énorme erreur stratégique. Le géant russe passe désormais pour un fournisseur pas fiable, otage des coups de sang du Kremlin, encourageant par la même la diversification des approvisionnements vers d’autres pays (Algérie, Norvège, Qatar, Arabie Saoudite etc). L’exact inverse de la multinationale ouverte et conquérante que Alexeï Miller tentait de vendre à l’étranger, avec le puissant soutien d’officines de conseil en communication comme Image 7 en France.


 

Et la France dans tout ça ? Elle bénéficie déjà d’un approvisionnement diversifié en gaz naturel : 22% Norvège, 17% Algérie, et seulement 15,5% pour la Russie. Elle a aussi une grosse capacité de stockage souterrain, de l’ordre de 20% des besoins annuels, dans 12 lieux répartis sur le territoire. Conclusion : Alexeï peut encore bloquer le robinet un bout de temps, Bobonne aura encore du gaz pour faire chauffer la soupe.







Publié dans Grands fauves

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T
Well I am sure that you guys are in for a real treat when the year ending arrives. Works that were said to be un achievable has been done with easy in the last 2 years. The growth of the economy is tremendous and in a good path.
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G
Ca c'est gentil, Clara<br /> <br /> Bienvenue en tout cas, et n'hésitez pas à envoyer questions et commentaires !
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A
Mais comment ai-je fait, ventrebleu, pour avoir méconnu ce blog jusqu'à ce soir ? A part pour l'ami Camd, que de découvertes, explications. Je n'en reviens pas.
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A
Mais comment ai-je fait, ventrebleu, pour avoir méconnu ce blog jusqu'à ce soir ? A part pour l'ami Camd, que de découvertes, explications. Je n'en reviens pas.
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G
Merci, Botica, il est vrai que ces histoires cosaques me mettent en joie...<br /> <br /> Je partage votre inquiétude pour les Ukrainiens, qui semblent embourbés dans une sacrée Béchamel
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