David Stern, NBA King

Publié le par GameTheory






    D'aucuns s'obstinent encore à s'imposer le spectacle nihiliste des Caen-PSG ou Lorient-Nancy sur Canal Pelu. Je dis respect. Je dis bravo. Et je décline. Foin de football de seconde zone, les esthètes et autres puristes du sport télévisuel préfèrent mettre leur réveil à trois heures du matin, trimbaler la couette sur le canapé, et profiter du vrai spectacle : les play-offs NBA, qui viennent de commencer ce week-end.

    Les play-offs, c’est le climax du sport business version US. Du fun, du suspense, du bruit, des gros dunks, des pom-pom girls potelées au gencives saillantes, des quintaux de cheeseburgers, des hectolitres de Pepsi, des montagnes de mayonnaise frelatée, des borborygmes étonnants des chauffeurs de salle, Spike Lee et Jack Nikolson en fusion dans les tribunes des Los Angeles Lakers, un double mètre chinois qui bâche un double mètre brésilien. Et le basket le plus spectaculaire du monde, entre les seize meilleures équipes de la Ligue nord-américaine.

    Plus qu'un simple championnat de basket, la NBA est aujourd'hui une véritable multinationale : 3,6 milliards de dollars de chiffre d'affaires, plus d’un millier de salariés permanents, des matches retransmis dans 212 pays en 42 langues. Chaque franchise – club en jargon NBA- réalise un chiffre d’affaire moyen de 119 millions de dollars, selon Forbes, quand leurs salles affichent un taux de remplissage de 92%. Tout ça grâce à un type : David Stern.

    Sacré parcours que celui du big boss de la NBA. Le jeune Stern commence par servir le pastrami dans le delicatessen familial, dans le quartier new-yorkais de Chelsea. Diplômé de droit, il devient conseiller de la NBA dans les années 70, grimpe tous les échelons de la Ligue, et débarque en 1984 au poste de «commissioner» de la Ligue - en clair, patron.

    Début des années 80. La NBA sent le sapin, plus que le cirage pour parquet. Spectacle poussif, sinistres affaires de joueurs drogués, franchises en déficit chronique : après l'âge d'or des années 60-70, la ligue est même menacée de disparition, faute de rentrées financières suffisantes. 17 des 23 franchises NBA affichent des pertes abyssales.






    Stern commence par le commencement. Il s'attaque au problème des joueurs toxicos, avec un deal clair comme un café Starbucks : la NBA leur offre la cure de désintoxication; en cas de refus, tolérance zéro. Une piquouze en trop, et c'est le bannissement définitif de la ligue. Voire la zonzon pour les récidivistes.

    Côté business, le nouveau boss va tirer partie de l'arrivée en NBA d'une flopée de mégastars en 1984 : Michael Jordan bien sûr, mais aussi Hakeem Olajuwon et le chauve musculeux Charles Barkley. Il renégocie les contrats télé (plus d’un milliard d’euros par an actuellement), ouvre de nouvelle franchises (30 aujourd’hui), relance le All Star Game, un match annuel qui oppose les meilleurs joueurs des deux conférences (Est et Ouest) de la Ligue, met le paquet sur les produits dérivés, qui génèrent aujourd’hui plus de deux millliards de dolars par an.

    Stern crée une ligue féminine (WNBA), une ligue mineure (NBDL), ouvre des franchises au Canada (Toronto Raptors et Vancouver Grizzlies, aujourd’hui à Memphis), organise des tournées d’été en Europe et en Asie en attendant d’ouvrir des franchises dans ces régions. Le commissioner favorise aussi l’arrivée en NBA de non-Américains, qui ouvrent de nouveaux marchés à la Ligue : le pivot chinois Yao Ming, l’ailier argentin Manu Ginobili, l’Allemand Dirk Nowitzki ou encore les Français Tony Parker ou Boris Diaw.






    Plusieurs fois, Stern frise la correctionnelle : le départ à la retraite de l’idole Michael Jordan fait tanguer dangereusement la Ligue ; en 1998-1999, un gigantesque lock-out – sorte de grève à l’initiative des employeurs - paralyse la NBA pendant une demi-saison, joueurs et franchises échouant à s’entendre sur l’évolution des salaires. Chaque fois, Stern s’en sort à bon compte, maniant carotte et bâton à la perfection. En 24 ans, les recettes sont multipliées par cinq, les droits télé par 130.

    L’animal est loin d’être un rigolo. Le big boss peut même se payer le luxe de mettre les villes en concurrence, les franchises ayant la particularité de pouvoir changer de cité-hôte : au fil des années, les Hornets passent de Charlotte à la Nouvelle-Orléans, les Grizzlies de Vancouver à Memphis, les Lakers de Minneapolis à Los Angeles.

    La grande controverse du moment, c’est d’ailleurs le déménagement des Sonics de Seattle vers Oklahoma City, voulu par le propriétaire Clay Bennett, projet soutenu par Stern. Starbucks et Microsoft, icônes du business local, tentent de monter un tour de table pour garder la franchise, créée à Seattle en 1967. Ou en créer une nouvelle. En jeu, des retombées estimées à 180 millions de dollars en quinze ans. Seattle-Oklahoma : les matches NBA les plus importants ne sont peut-être pas ceux qu’on croit. 


    Allez, un petit Top 10 pour la route :







Publié dans Grands fauves

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P
Salut !<br /> <br /> Sympa l'article !<br /> <br /> Pour la ma part voici ma vision du business NBA :<br /> http://bit.ly/info/B4aOC<br /> <br /> A+
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C
La NBA ne sat pas où exister. Quand la saison régulière commence la NFL bat son plein. Quand d les playoffs commencent, c'est les finales de la coupe Stanley (NHL), le baseball (MLB) reprend et avec les beaux jours tout le monde pense à aller jouer dehors et faire des BBQ's. Les playoffs de la NBA sont beaucoup trop long pour accrocher le public. C'est comme ça qu'on voit l'affaire de ce côté-ci de l'atlantique.
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