Vivendi, back dans les bacs

Publié le par GameTheory





2008-02-29T082708Z_01_NOOTR_RTRIDSP_2_OFRIN-FRANCE-VIVENDI-RESULTATS-20080229.jpg    Alors là, mes amis, je vais vous faire rêver : j’étais ce matin à la conférence de presse des résultats annuels de Vivendi. Et disons-le tout net, c’était super rock’n roll. Un MC au charisme de bigorneau, le PDG de Vivendi Jean-Bernard Lévy ; l’inénarrable Pascal Nègre, boss d’Universal Music, dans un costume ocre si mal coupé qu’on se serait cru dans le vaisseau-amiral de la série V ; Bertrand Méheut, le PDG de Canal+, “Baygon vert” pour les intimes, en référence à son passé dans le business des insecticides ; et Frank Esser, le patron de SFR, un Allemand au délicieux accent teutonique, façon «Herr Guénéral» dans Papa Schulz.

    Bref, que du beau linge au cœur de Neuilly, pour annoncer des résultats qu’on pourrait qualifier d’inespérés vu la situation du groupe il y quelques années. On avait laissé Vivendi dans un sale état, ruiné par les années Messier, contraint de vendre la plupart de ses actifs américains avec des moins-values délirantes. Ne restait qu’un Canal+ en pleine débandade, un Universal Music en crise aiguë, une filiale de jeux vidéo, Vivendi Games, que la maison-mère avait essayé en vain de vendre pendant des années, et un SFR qui sauvait à peu près les meubles en s’entendant sur ses parts de marché avec ses petits copains Orange et Bouygues.

    Un bon vieux fourre-tout, dirigé par un type dont c’était justement le nom. L’ami Jean-René, le prénom du taulier, s’était mué en soldeur d’actifs, pour essayer de rembourser une dette plus que maousse laissée en héritage par ce bon vieux J2M, l’homme aux soquettes trouées et aux rêves de star américaine. Aux pires moments du groupe, on disait même Vivendi dans le collimateur de Vodafone, le géant mondial du téléphone mobile, qui l’aurait juste absorbé pour mettre la main sur la très rentable filiale SFR, dont il ne enrage toujours de ne posséder que 40%.

    Et voilà que Jean-Nanard Lévy, successeur de Fourtou, annonce des résultats record. Près de 22 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 2,8 milliards de bénéfices et une croissance de 8% en un an. Vivendi est en train de repartir à l’assaut du business du divertissement et des télécoms, avec les deux acquisitions récentes de Neuf Cegetel, le deuxième groupe télécoms français, et d’Activision, un des gros bras américains du jeu vidéo, fusionné avec Vivendi Games pour créer un leader mondial qui donne des sueurs froides au concurrent Electronic Arts. SFR reste une belle machine à sous-sous. Quant à Universal Music, il souffre, mais reste plus rentable que tous ses concurrents réunis.

    En regardant bien le portefeuille du groupe, on repère même des pépites insoupçonnées, comme l’opérateur Maroc Telecom, une filiale ultra-rentable de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, qui affiche 15 milions d’abonnés mobiles  grâce à une politique agressive d’acquisitions d’opérateurs africains : le mauritanien Mauritel, le burkinabé Onatel ou encore Gabon Telecom. Moins anecdotique qu’il n’y paraît : Vivendi essaie de refaire en Afrique ce que l’opérateur espagnol Telefonica a réussi  en Amérique du Sud : préempter les marchés émergents, et en faire des usines à cash. Chiffre étonnant : Maroc Telecom est le premier employeur des filiales de Vivendi, avec 14 000 des 37 000 salariés du groupe…

    Tout ça pour dire quoi ? Que Vivendi est de retour, avec un patron un poil moins fun, mais des fondamentaux bien meilleurs. Journalistes et analystes pourront vous le confirmer : les petits fours étaient délicieux.


Publié dans Sur le terrain

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F
Et pendant ce temps là: http://money.cnn.com/2008/02/06/news/companies/time_warner/?postversion=2008020612<br /> Dans la course au "biggest" groupe multimédia du world entier, c'est finalement Vivendi qui avait le bon tuyau qui rapporte plein de cash (SFR) et Time Warner qui a misé sur le cheval boiteux (AOL). Qui l'eut cru, hein?
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